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Vivre ensemble l’attente du Sauveur

Attendre… Quelle expérience parfois difficile… Attendre un rendez-vous dans le système de santé. Attendre que la situation économique s’améliore. Attendre des retrouvailles tant espérées. Attendre les vacances, la retraite, le nouvel emploi. Attendre la paix, la fin d’un conflit, la solution aux dérèglements climatiques, le remède pour telle ou telle maladie. Attendre d’aller mieux dans notre vie personnelle, dans nos communautés, dans notre monde…

Chaque année, avec le temps de l’Avent, revient le temps de l’attente. Cette attente peut être lourde. Comment vivre une attente qui ne soit pas source de découragement, qui n’éteigne pas nos ardeurs?

Une chose est sûre, ce n’est pas en niant nos besoins et nos désirs profonds que nous y arriverons. Le temps de l’Avent nous dit que nous avons raison d’attendre du neuf, du changement. Nos désirs d’une vie pleine et signifiante, nos rêves d’un monde de justice, notre espérance de vivre des relations fondées sur le véritable amour et sur le respect de chaque personne, toutes ces attentes et espérances qui nous habitent expriment que nous ne sommes pas faits pour vivoter, pour survivre, mais bien pour la Vie en abondance. Depuis plus de quatre mille ans, comme nous le chantons dans le cantique de Noël bien connu, nous attendons cet heureux temps d’une promesse de Vie pleinement accomplie. Pendant cet Avent, n’ayons pas peur d’exprimer ce que nous attendons profondément. Nos désirs du cœur parlent de ce que nous sommes, de ce à quoi nous sommes appelés et ouvrent en nous un espace pour accueillir la vie qui s’offre à nous.

Pour vivre une attente dynamisante, nous sommes aussi invités à ne pas rester seuls. Depuis plus d’un an, le pape François invite tous les baptisés à entrer dans le mouvement de la synodalité, le mouvement du « marcher ensemble ». Nous ne sommes pas des être isolés. Une attente partagée peut devenir source de motivation. Elle met en marche. L’attente de l’autre peut devenir un appel dans ma propre vie. Vivre ensemble l’attente du Sauveur nous fait déjà toucher à ce que nous espérons profondément.

Enfin, pour une attente nourrissante et porteuse de vie, ouvrons-nous à l’inédit, à l’inattendu. La réponse de notre Dieu à nos attentes est pour le moins désarçonnante. Alors que nous espérons des solutions miracles à nos misères, il vient parmi nous dans la peau d’un petit enfant! Alors que nous attendons quelque chose, voici que nous est donné quelqu’un! Quelqu’un qui vient se faire proche, qui vient marcher sur nos routes, qui vient porter attention à toutes nos soifs. Mais il vient rarement comme on l’avait imaginé. L’Avent, c’est un temps pour apprendre à voir tous les chemins inédits par lesquels le Seigneur vient à notre rencontre. Et pour devenir, ensemble, des signes de sa présence au cœur du monde.

Un regard biblique pour vivre l’attente

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (1, 18-24)

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :  Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

Réflexion :  Qu’est-ce qui me surprend, me questionne, me dérange, dans ce récit?

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (1, 1-7)

Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu,
à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome.

Cet Évangile, que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes dans les saintes Écritures,
concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts,
lui, Jésus Christ, notre Seigneur.

Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre,
afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie,
vous aussi que Jésus Christ a appelés.

À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.

Quels liens je vois entre les deux textes? Quels liens je vois avec la thématique « Vivre ensemble l’attente du Sauveur »?

De semaine en semaine, vivre ensemble l’attente du Sauveur

Voici quelques pistes de réflexion inspirées par les lectures de chaque dimanche. Pour chaque semaine, la réflexion se termine par une ou deux questions qui peuvent être proposées à l’assemblée à la fin de l’homélie, dans le bulletin paroissial, ou de toute autre façon qui vous semble pertinente.

1er dimanche :

  • Notre attente se veut active, éveillée, vigilante. Une attente qui n’est pas un rendez-vous à heure fixe, mais qui nous garde en alerte, les yeux et le cœur ouverts. Un état d’alerte non pas imprégné de crainte et de peur, mais qui suscite élan et dynamisme.
  • Celui que nous attendons, c’est celui qui nous apportera le salut, alors que nous avons perdu nos repères. Sa venue peut bouleverser certains repères, mais elle vient aussi donner de nouveaux fondements.
  • Il pourrait être intéressant, en ce dimanche, d’entendre le témoignage d’une personne qui a vécu une conversion suite à la découverte de la présence de Jésus Christ dans sa vie.

Avons-nous été témoins de la venue du Fils de l’Homme dans nos vies? Qu’est-ce que cette venue a provoqué comme changement, comme bouleversement?

2ème dimanche

  • Dans la première lecture, nous découvrons que la promesse dépasse ce que l’on pourrait espérer. La venue du Sauveur que nous attendons peut aller encore plus loin que ce que nous pensons.
  • Le temps de l’attente est un temps de conversion. Mais conversion de quoi, au juste? Il ne s’agit pas seulement de se convertir en pensée, mais aussi et surtout en action. La présence du Christ en nos cœurs nous appelle à rendre nos vies conformes à lui, à l’amour qu’il nous porte.

Qu’est-ce qui, en moi, est appelé à la conversion en ce temps d’Avent?

3ème dimanche

  • L’Évangile de cette semaine nous présente un Jean-Baptiste incertain face à Jésus : Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Jean-Baptiste a besoin d’être rassuré dans son attente. Attend-il la bonne personne ou s’est-il trompé? C’est par la communauté que Jésus répond à Jean-Baptiste : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez… »
  • Dans des moments de doutes, de déceptions, de noirceur, il peut nous arriver de penser que nous nous sommes trompés, que nous avons mis nos attentes en nos espérances en la mauvaise personne. En ces moments, il peut être bon d’entendre des personnes nous raconter l’action de Jésus dans leur vie. Partager nos doutes, nos questions, tout autant que notre foi et notre espérance, c’est aussi comme cela que nous pouvons vivre ensemble l’attente du Sauveur

Qui est celui que j’attends comme Sauveur? Qu’est-ce que les autres (le peuple de Dieu, du tout début jusqu’à aujourd’hui) me disent de lui?

4ème dimanche

  • Nous voici devant une dimension paradoxale de l’attente, celle de l’inattendu! Marie et Joseph se retrouvent l’un et l’autre dans une situation qui les surprend et bouleverse totalement. Jamais ils n’auraient pensé que le Seigneur passerait par eux pour donner au monde son Fils. Et pourtant… Comment se fait-il qu’ils aient dit « oui » à cette demande inimaginable? La confiance a sûrement joué un grand rôle…
  • Le « ensemble » de la thématique de cet Avent prend une autre dimension en ce quatrième dimanche. Non seulement vivons-nous l’attente du Sauveur avec nos sœurs et frères dans la foi et en humanité, mais nous la vivons aussi ensemble avec Dieu. Pour lui, pas question de rester seul de son côté. Il veut venir avec nous, chez nous, en nous. Et pour ce faire, il a besoin de nous. C’est par Marie et par Joseph que son Fils devient l’un de nous. Le salut, le Sauveur, vient de la rencontre entre l’humain et le divin.

Dans ma vie personnelle, dans notre communauté, dans notre monde, est-ce que je vois des traces de l’inattendu de Dieu (des situations où il s’est révélé présent alors qu’on ne l’attendait pas?)

Dieu veut se faire présent à son peuple, aussi par moi… Comment je vis cet appel?

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