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Pape Benoît XVI

Plus qu’un grand théologien, il fut un être exceptionnel

« Pour succéder au pape Jean-Paul II, les cardinaux m’ont élu, moi, qui ne suis qu’un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur. Le fait que le Seigneur sache travailler avec des instruments insuffisants me console. Je m’en remets à vos prières. Le Seigneur nous aidera et Marie, sa très Sainte mère, est de notre côté. » Voilà les premières paroles prononcées par le cardinal Ratzinger lors de son élection comme pape à l’âge de 78 ans.

Ces paroles, dites en toute humilité, décrivent bien cependant ce qu’il fut durant toute sa vie. Théologien, professeur, prêtre, évêque, puis pape, le cardinal Ratzinger fut un homme de parole au singulier et au pluriel. Homme de parole, il a été fidèle jusqu’à la fin au Oui qu’il avait un jour donné au Seigneur d’être entièrement au service de son Église. Il fut aussi un homme de paroles au pluriel par ses nombreuses homélies, ses cours et ses conférences, ses 80 livres et ses 3 encycliques qui jalonnent son parcours. Toute sa vie, il a cherché ardemment à connaître davantage ce qu’est la vérité et à la partager ensuite courageusement avec ses contemporains.

Mais pour lui, la vérité n’était pas un concept abstrait que l’on possède. Bien au contraire, c’est la vérité qui nous possède en venant à notre rencontre. Car la vérité est une personne, Jésus-Christ, le fils de Dieu, qui est « le chemin, la vérité et la vie ». En s’incarnant, c’est le fils de Dieu, devenu un des nôtres, qui nous fait connaître parfaitement qui est son Père et son grand projet d’amour pour nous.

Étudiant à Rome, j’ai eu l’immense privilège de côtoyer à quelques reprises le cardinal Ratzinger. Lors de ces rencontres, j’ai pu alors saisir la grandeur de cet homme d’Église : un homme d’une haute intelligence et d’une grande force intellectuelle qui se révélait en même temps être une personne attachante par sa grande simplicité, sa douceur désarmante et son brin de timidité.  Grand orateur, il était également un homme d’une grande écoute, toujours respectueux, patient et attentif envers les personnes qu’il rencontrait.

Maintenant auprès du Père, rendons grâce au Seigneur de l’avoir un jour appelé à devenir pasteur de son Église. Qu’il soit maintenant comblé en étant face à face avec Celui qu’il a toujours cherché, puis aimé. Demeurons unis avec lui dans la prière et je vous laisse avec un de ses derniers écrits :

« Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur, mon cœur reste joyeux parce que je crois fermement que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste, mais, en même temps, l’ami et le frère qui a déjà souffert lui-même mes manquements et qui, en tant que juge, est en même temps mon avocat (Paraclet) (l’Esprit saint dans la tradition catholique, NDLR). À l’approche de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort. À ce propos, me revient sans cesse à l’esprit ce que Jean rapporte au début de l’Apocalypse : il voit le Fils de l’homme dans toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais Lui, posant sur lui sa main droite, lui dit : “Ne crains pas ! C’est moi…”»  Benoît XVI, 8 janvier 2022.

† Daniel Jodoin

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